A TRAVERS LE SAHEL ET LE SUD TUNISIEN

Accompagnés d’amis alsaciens, nous avons organisé 5 jours de vacances à la découverte du sud tunisien. L’objectif était de sortir des chemins tracés et d’aller à la rencontre des gens, de lieux et d’évènements imprévisibles. Nous voulions faire le plein d’émotions, de rencontres, de souvenirs, de dépaysement et de surprises.

Afin de vous faire une idée précise de notre trajet et surtout des kilomètres avalés, nous vous livrons le tracé de nos vacances.

 

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1 jour
 
 Monastir, le mausolée de Habib Bourguiba  le colisée d'El Jem Sfax, Beb Diwene   palmeraie à Gabès

 

Nous avons quitté Monastir avec nos deux voitures de location ( clio et saxo) et avons pris la direction de  El Jem.

Nous étions dans la région des oliviers. Les oliveraies offrent sans conteste le paysage le plus caractéristique de cette région : décors géométrique, planté d’un arbre tous les 20 mètres, se perdant en des horizons infinis. Sur des dizaines de kilomètres, cette contrée plate, écrasée par le soleil, produit des olives à profusion. Passé les oliviers, la surprise qui nous attendait à l‘entrée d’El Jem était de taille : un gigantesque amphithéâtre romain, aussi impressionnant que la cathédrale de Strasbourg, écrase de sa masse les petites maisons de la ville. Nous étions sur les lieux de l’antique Thysdrus, une des villes les plus riches de la Tunisie romaine. La visite de cet amphithéâtre nous appris que ce joyau de 148m de long sur 122m de large avait une capacité d’accueil de 30 000 à 45 000 personnes. Cela en faisait le 3 ème amphithéâtre de l’Empire après le colysée de Rome et celui de Capoue !

 

Quittant El Jem, nous prenons la route de Sfax pour y déjeuner et faire l’avitaillement en vin. Et oui, nous allons nous restaurer dans des gargotes ou tout alcool est interdit. Nos compères voyageurs peuvent faire beaucoup de sacrifices mais se refusent à boire de l’eau lors de leur repas. Nous achetons donc des bouteilles de gros rouge tunisien pour nos 5 jours, nous nous restaurons sur place et reprenons la route en direction de Gabès. Sfax ne mérite pas que l’on s’y attarde : grande ville industrielle, très polluée par les mines de phosphate,  présentant peu d’intérêt à nos yeux.

 

Contournant le golf de Gabès, nous découvrons une autre facette de la Tunisie. Des grands espaces arides, des oasis annonçant le sud tunisien, des marécages immenses ( paradis des oiseaux migrateurs tels les flamants roses). Gabès n’est qu’une ville quelconque avec une immense palmeraie, sans monument ni médina. Nous avons donc poursuivit notre route, jalonnée de trafiquants de carburant libyen à bon marché, en direction de Médénine puis Tataouine ou nous avions prévu d’y passer notre premier nuit bien méritée après avoir parcouru 450 kms sur des routes asphaltées un peu moins confortables que le réseau routier français.

Tataouine évoque sans doute pour vous des souvenirs …..il évoque surtout le bout du monde. Il l’était pour les condamnés français incorporés dans les bataillons d’infanterie légère d’Afrique en garnison à Tataouine. Cette ville fut fondée sous le protectorat français pour assurer la pacification du sud tunisien. Aujourd’hui, Tataouine est devenu la plaque tournante des circuits vers les ksour.

Les Ksour ( pluriel de ksar) sont les villages fortifiés, perchés à même la montagnes de l’Afrique du nord, du Maroc à la Libye. Dans le sud tunisien, ils désignent un ensemble de greniers collectifs formés de chambres appelées « ghorfa ». Les ghorfa engrangeaient les provisions tant pour les hommes (céréales, fruits, huile) que pour le bétail (fourrage).  

 

 

2 jour : le circuit des Ksour au pays des troglodytes

 

 en arrivant à Chénini  grenier à grains de Ksar Ouled Soltane  village perché de Guermessa  intérieur berbère

Nous débutons ce circuit par la visite de Chenini, un des rares et spectaculaire village berbérophone encore habité,  perché sur une crête vertigineuse. Ce village s’est développé sur plusieurs étages à flanc de montagne.

Le soleil levant illumine ce magnifique village où vivent une centaine de personnes toutes avides de nous vendre quelque chose.

Nous continuons notre trajet en traversant d’autres superbes villages ou l’accueil des locaux est exemplaire. Les enfants tous bien habillés, nous suivent partout. Sam notre mascotte y est pour beaucoup. Ce chien intrigue, les questions fusent : ton chien, c’est un chien de berger ou un chien pour la chasse. Notre réponse les surprend : c’est un chien de compagnie…..A quoi peut bien servir un chien de compagnie, il est inutile et en plus il faut le nourrir !

 

 

La visite de Ksar Ouled Soltane est impressionnante. Nous avons pu y voir le plus beau ksar à greniers du sud de la Tunisie qui vient d’être restauré. Les habitants du village, propriétaires des greniers construits par leurs ancêtres, se sont opposés à ce qu’il soit transformé en hôtel. Ils ont bénéficié d’une aide du ministère de la Culture pour le remettre en état. Et le résultat est époustouflant ! Nos architectes peuvent y méditer et apprécier ces habitations plus que futuristes.

Nous poursuivons notre route en traversant des villages aussi jolis les uns que les autres : Ksar Ouled Debbad, Douiret, Guermessa, Neni Barka…. Nous sommes à quelques kilomètres de la frontière libyenne.  

Et nous nous dirigeons sur le fameux village de Matmata après avoir traversé Ksar Hadada (village pittoresque qui abritait autrefois un hôtel au confort plutôt spartiate où fut tourné une partie du film « la guerre des étoiles ») et après avoir emprunté une piste ou les paysages étaient magnifiques. A propos de piste, nous qui souhaitions suivre l’exemple des conducteurs du Paris Dakar, nous allons être servi. Le trajet initial devait être une piste indiquée en pointillés sur notre carte routière. Mais cette piste, nous ne l’avons jamais trouvé même en nous repérant avec une boussole.

Après maintes demandes de renseignements auprès des locaux, qui nous répondaient toujours par un « OUI » tout sourire, nous avons abandonné et repris les grands axes routiers en faisant un grand détours. En finalité, il ne nous restait que 85 kms à parcourir à partir de Medenine. Le début du parcours était large comme une autoroute, mais après une vingtaine de kms, des chantiers fleurissaient régulièrement.

 

Roland qui nous suivait au volant de sa Saxo fut arrêté par les policiers pour avoir franchi une ligne continue. Retrait de permis, amende, prison, notre Fangio ne menait pas large derrière son volant. Le policier lui barrant la route, vint le saluer en lui souhaitant la bienvenue en Tunisie et lui demanda s’il savait qu’il n’a pas le droit de franchir une ligne blanche continue. Roland lui répondit par l’affirmative, craignant le pire. Le policier lui répondit que c’est bien qu’il le sache et lui demanda de continuer en lui souhaitant bonne route. C’est cela le service policier le long des routes. A plusieurs reprises nous en avons constaté leur gentillesse. Ils vous arrêtent, vous disent « bonjour » vous leur répondez pareil et vous repartez. Sympa…….

Et 10 kms plus loin à l’approche de la montagne, la piste rocailleuse s’offrait à nous. De temps à autre un panneau nous indiquait que nous étions dans la bonne direction. Comme d’habitude, les locaux confirmaient régulièrement notre chemin. Après plus de deux heures sur les pistes montagneuses Tunisiennes, à la recherche de Matmata, plein ouest, après avoir croisé de temps à autre un berbère gardant un mouton ou une chèvre, après avoir rencontré une seule voiture tout aussi perdue que nous et photographié un palmier solitaire, nous sommes arrivés à Matmata.

 

Matmata est le village le plus connu sur l’ensemble des basses montagnes dans lesquelles nous avons pu visiter ces curieuses constructions. Elles évoquent des paysages lunaires, criblé de cratères au milieu de collines dénudées dans les tons ocre. Pour se protéger des envahisseurs, la population s’est enterrée. Elle a creusé des habitations dans la roche tendre, au fond de puits de 5 à 10m et s’est aménagé un mode de vie répondant aux conditions climatiques. On y accède par des tunnels creusés dans les talus surplombants le cratère.

Ces paysages lunaires ont attiré Steven Spielberg pour y réaliser en autre « la guerre des étoiles » et «  les aventures de l’arche perdu » et Georges Lucas y a tourné plusieurs scènes de « la guerre des étoiles ».

Il commençait à faire nuit et nous sommes allés à la recherche d’un hôtel : troglodyte ou classique. En finalité, nous avons opté pour le classique 3 étoiles pour 125 FF en demi-pension par personne.

 

 

Troisième jour : cap sur les portes du Sahara
 
 aux portes du désert à Douz  chott el jerid    la rose des sables

 

A Douz, nous sommes aux portes du plus vaste désert du monde et au carrefour entre oasis et désert. A quelques kilomètres de la ville, nous avons touché les premières dunes, le point de rencontre pour les départs en 4X4 ou en méharées ( randonnée à dos de chameau de bât)  dans le désert.

 

Douz, capitale tunisienne des excursions au Sahara, propose également aux touristes des balades à dos de chameau, une nuit dans le désert…

Nous avions envisagé de rejoindre par la piste Ksar Ghilane( distant de 80 km de Douz) avec nos voitures de location…..par prudence et manque de temps, nous avons écarté cette idée. Nous retournons dans le désert en 4X4 ou à dos de chameaux et accompagné d’un guide. (prudence correspond à : avoir l’habitude de conduire sur les pistes ensablées et savoir se repérer dans l’espace)

A la sortie de la ville, nous visitons la palmeraie de Zaafrane ( rien à voir avec la voiture de Renault) et reprenons notre route en direction de l’Est. La route qui nous mène à Tozeur se fond entre le chott El Jerid et le chott El Fejed.

Le chott d’El Jerid est un lac salé desséché d’une longueur maximale de 250 kms . La surface du chott est constitué par une agglomération de cristaux de sel, c’est un désert de sel et de sable mêlés qui s’anime des mirages les plus étonnants. Nous y découvrons des salines en exploitation mais la chaleur nous pousse à poursuivre la route sur Tozeur ou de superbes oasis nous attendent.

 

Tozeur, une superbe oasis irriguée par 200 sources. Elle abrite une palmeraie de plus de 100 ha, qui compte quelques 400 000 arbres ( abricotiers, figuiers, pommiers, vignes, bananiers, palmier-dattier, grenadiers…..). A l’ombre des palmiers et les pieds dans l’eau, ces arbres et les cultures ( carottes, persil, ….) trouvent les ressources nécessaires pour pousser.

Nous avons découvert cette palmeraie sur une calèche, nous nous baladions à la fraîcheur des palmiers et goûtions aux joies de la verdure après avoir traversé l’étendue blanche d’un désert de sel.

La ville de Tozeur nous donna l’occasion de découvrir l’architecture typique de la région : façades claires des maisons aux tons ocre, dont le matériau principal est la brique faite d’une mélange de sable et d’argile.

Tozeur est surtout un complexe touristique avec une profusion de superbes hôtels-clubs au décor et au nom qui évoquent l’Orient. Tozeur se caractérise également par les décorations des maisons faites avec de petites briques en argile. Le résultat maçonné est splendide. Les artisans qui réalisent ces merveilles sont de véritables artistes. Bien entendu nous avons visité une fabrique de ces petites briques d’argile.

 

 

 

Quatrième jour : sur les traces des oasis de montagnes aux portes de l’Algérie
 
 l'oasis de Chebika  mosquée Oqba à Kairouan  Midès  Temple de Minerva à Sbeitla

 

Le jebel En Negueb, à proximité de la frontière algérienne, culmine à 900m. Il y a 30 ans, on y trouvait encore trois villages TAMERZA, MIDES et CHEBIKA, qui vivaient au rythme de leur oasis, comme ils le faisaient depuis deux mille ans. Suite aux orages torrentiels de 1969, l’ancien village de Tamerza a été entièrement ravagé et est aujourd’hui comme beaucoup d’autres abandonné. Ces villages fantômes, aux toitures effondrées, ne sont plus fréquentés que par les touristes qui découvrent là une architecture traditionnelle.

Avant d’arriver à Tamerza, nous sommes impressionnés par des cours d’eau : des petits torrents, véritable source de vie, coulent dans le désert aride, l’herbe pousse, les arbres sont présents. Impressionnant pour nos yeux qui étaient habitués à voir des couleurs pastels ( jaune du sable, blanc du sel…). Le village de Tamerza est planté tout en longueur  au sommet d’une crête. A ses pieds, un lit d’oued asséché. Le vieux village abandonné ressemble aujourd’hui à un grand château de sable à marée montante ! Le lit de cette rivière forme un large boulevard raboté et nu qui dit toute la violence des pluies de la région.

Pour se rendre à Mides, nous traversons encore une petite palmeraie et nous trouvons face à un bourg planté sur un éperon rocheux qui surplombe des gorges aux parois vertigineuses. A l’ouest du village, le poste de la garde nationale est planté pour contrôler la frontière avec l’Algérie. Paysage féerique. On y a tourné « Fort Saganne » et le père de François Mitterrand y aurait fait son service militaire !

 

Après avoir quitté ces paysages magnifiques, nous traversons une région « industrielle » aux alentours de MOULARES « défigurées » par l’extraction en plein air de phosphates. Nous faisons une pause déjeuner à GAFSA et mettons le  cap au nord en direction des ruines de SBEITLA.

Nous visitons le parc archéologique de Sbeïtla  en fin d’après midi avec de superbes couleurs….et y découvrons de jolis vestiges romains : arc de triomphe, établissements thermaux, théâtre, amphithéâtre, fontaines publiques, églises, maisons fortifiées…

Nous avions prévu de passer la dernière nuit à KAIROUAN et reprenons la route  car une centaine de kilomètres nous attendent.

Arrivée à Kairouan en soirée. Nous avions prévu de nous faire accompagné d’un guide pour une visite complète de la ville. Nous avions oublié que le vendredi, jour de prière, toutes les mosquées sont inaccessibles au public et certains commerces de la médina fermés. Nous en profitons pour découvrir la ville de nuit.

Kairouan, capitale spirituelle de la Tunisie est la première ville sainte du Maghreb. C’est une des villes les plus visitées du pays. Des cars de touristes et de pèlerins déversent des milliers de personnes venues visiter les mosquées de la ville (une centaine), ses fabriques de tapis de laine ou tout simplement se balader le long des remparts et dans les souks pour y déguster la pâtisserie du pays, le makroud ( à base de dattes et miel).

Fin de matinée, nous rentrons sur Monastir pour poser nos sacs à bord de Soleil Bleu et profiter des rayons de soleil.

 

 

Nous avons essayé de vous faire vivre cette aventure en vous donnant des précisions sur le Sud Tunisien, en vous livrant des indications sur les villes tunisiennes et peut-être en vous faisant rêver.

Seul ombre à ce tableau, l’absence de la découverte du désert. Nous pensions pouvoir tout faire en quelques jours. Nous avons parcouru presque 1600 kms en 5 jours et tous les soirs, nous étions bien fatigués par les kms avalés, par la chaleur et par les visites des sites.

Quelques idées de prix :

une nuit avec petit déjeuner dans un bon hôtel : entre 10 et 15 dinars (50 et 75 FF).

demi-pension entre 20 et 25 dinars (100 et 125 FF par pers).

repas chez les locaux : 5 à 6 dinars (25 à 30 frs) sans alcool.

le prix de nos voitures : Saxo et Clio : 40 dinars par jours par voiture

pour faire une randonnée dans le désert avec 4 x 4 : le coût est de 60 à 65 dinars par personne tout compris. (sauf boissons)

Nous envisageons donc de faire un périple « spécial désert ». Et oui, l’envie de plonger…dans le désert demeure. Le désert n’est pas la mer, sans balises ni amarres. Il paraît que plus on s’enfonce sur les pistes qui s’effacent avec les heures, moins on arrive à dessiner des itinéraires précis. Les méharées nous attendent, les safaris nous invitent à partir dans l’immensité des grands parcours.  L’exotisme devrait être total……. !

 

 

 

 

 
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